Ce sera
La grande Brosse.
Plus de rats
Au lait féroce.
Plus ces squales
Et ces vaisseaux
Qui font sales
Mer et ruisseaux.
D’ailleurs plus
De mer aucune,
Vieux reflux
De vieilles lunes.
Plus de foin
Dans les cervelles,
Plus de groin
Dans les dentelles.
Pois et cosses,
Ans et brouillards,
Brossés par
La grande Brosse.
Fête vide
À tous les ciels :
L’éternel
Sans une ride.
Grande Brosse
Qui brossera
Gens, négoces,
Clochers, fatras.
Cendre et terre
Et tout le bleu
Des hauts lieux
Carbonifères.
Ah, fauchure
Sans hiatus ;
Rasibus,
Les créatures.
Quel baptême,
Pour les bons vents
Et plus même
Un sifflement.
Nu suprême
Evidemment
Et plus même
Un ossement.
Qui verra
L’espace à ras ?
Qui verra
L’azur sans bosse ?
Ce sera
Seule à ses noces,
Ce sera
La grande Brosse.
Géo Norge, « La grande Brosse », Œuvres poétiques, Paris, Séghers, 1978.